lundi 8 décembre 2014

Le ravissement des innocents de Taiye Selasi


    Premier roman d'une jeune auteure née à Londres le 2 novembre 1979 d'un père ghanéen et d'une mère anglaise. De 5 à 21 ans, après le divorce de ses parents, elle vit avec sa mère au Massachusetts. A l'âge de 15 ans elle va pour la première fois au Ghana et par la suite retourne chaque été en Europe et en Afrique. Au printemps 2011, diplômée de l'université de Yale, elle choisit de poursuivre son cursus à Londres et de rester en Europe. Désormais, elle vit à Rome, les loyers exorbitants de Paris l'ayant dissuadée de s'y installer.

    "Kweku meurt pieds nus un dimanche matin avant le lever du jour, ses pantoufles tels des chiens devant la porte de sa chambre."
    C'est ainsi que commence l'histoire de la famille Sai, par la fin en quelque sorte, puisque Kweku, le père, se meurt d'un infarctus dans le jardin de sa villa au Ghana. Inexplicable réaction du médecin qu'il était devenu à Boston, il semble ne rien vouloir tenter pour éviter que l'issue ne lui soit fatale.
    Le Ghana, il en était parti pour fuir la misère et entreprendre aux Etats Unis des études de médecine. Devenu chirurgien, sa carrière s'annonçait prometteuse. Il vivait à Boston avec Folasadé la belle nigériane et leurs quatre enfants. Olu l'aîné suivra l'exemple de son père et deviendra un prestigieux médecin. Les jumeaux, Kehinde l'artiste coté et Taïwo "une beauté improbable, une fille impossible" ne cesseront jamais d'entretenir une relation fusionnelle. Quant à Sadie la benjamine, sauvée à sa naissance grâce à l'acharnement de son père, bien que complexée par la réussite de ses aînés fera de brillantes études.
    Heureuse et sans histoire, la cellule familiale explose quand Kweku, indûment renvoyé de sa clinique, profondément blessé, n'aura pas la force d'affronter la situation. Sans préavis, sans explications, il abandonne femme et enfants, décide de repartir dans son pays pour reconstruire une autre vie... avec une autre femme qui lui donnera un fils.
    La mort de Kweku oblige le retour au Ghana de la famille éparpillée. La vie a séparé les enfants devenus adultes, les retrouvailles vont resserrer les liens qui s'étaient relâchés mais aussi permettre à certains de se libérer en révélant ce qu'ils avaient toujours tu dans leur enfance redonnant, ainsi, à la tribu toute son unité.

    Dans ce roman, l'auteur s'attache aux détails, fouillant à l'extrême ses descriptions sans omettre de rythmer son récit. La construction éclatée dont la densité parfois retire un peu de clarté au propos requiert, alors, du lecteur une attention un peu plus soutenue.
    "C'est l'histoire d'une famille avec ses ruptures, ses déchirements, ses secrets et sa réconciliation."
Loin d'elle l'idée de faire un roman africain, c'est une histoire humaine et universelle et elle refuse que son roman soit enfermé dans une catégorie "comme elle ne veut être d'aucun pays en particulier."
    Quand j'aurai ajouté que son père est un brillant chirurgien, qu'après son départ elle a été élevée par sa mère et qu'elle a une soeur jumelle, difficile pour le lecteur de ne pas faire de rapprochement entre son parcours et celui de certains de ses personnages. C'est probablement pourquoi, elle tient à préciser que ce livre est bien un roman !

    Ghana must go 2013
    Editions Gallimard 2014 Traduit de l'anglais par Sylvie Schneiter
    366 pages- 21,90 €












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Josèphe