jeudi 3 septembre 2015

La femme d'en haut de Claire Messud


    Nora Eldridge, célibataire de quarante-deux ans, est une personne ordinaire, transparente, obsédée à l'idée de se faire remarquer. Lucide quant à la médiocrité de sa vie trop bien réglée, elle dissimule la colère rentrée que génère, chez elle, la perspective d'un avenir sans espoir de changement.
    Institutrice compétente, adorée de ses élèves, c'est dans sa classe que débarque, un matin, le petit Réza Shahid. D'emblée, elle est conquise par l'enfant, "Exceptionnel. Adaptable. Compatissant. Généreux. Tellement intelligent. Tellement vif. Tellement gentil. Avec un tel sens de l'humour..." Une petite bagarre à la récréation amènera l'enseignante et la mère à se rencontrer. Pour Nora, c'est le coup de foudre. Séduite par l'enfant elle le sera aussi par la mère incarnation de la femme libérée, épanouie, séduisante et même séductrice qu'elle aurait aimée être. Siréna, artiste italienne créatrice d'installations lui rappelle qu'elle aussi avait des ambitions artistiques qu'elle a peu à peu abandonnées. Elle rencontrera , Skandar le père, universitaire d'origine libanaise, écrivain et conférencier notoire. Nora est fascinée par cette famille "idéale" dont elle avait rêvée et qu'elle n'aura jamais. D'autant plus fascinée que la famille Shahid lui ouvre les portes de son intimité et qu'immédiatement elle se sent adoptée ? Sentiment conforté quand Siréna lui demande de partager un atelier avec elle et d'assurer la garde de Réza quand le couple sera dans l'obligation de s'absenter. Sans retenue, Nora s'abandonne au bonheur de vivre ce dont elle a toujours rêvé même si ce n'est qu'un bonheur par procuration.






    Roman en trois parties d'intérêt inégal ! Les premières pages au rythme soutenu sont prometteuses et le malaise discret qui ne se met en place que très subrepticement peut ne pas intriguer le lecteur. La deuxième partie est longue et fastidieuse : la description des installations manque d'une concrétisation visuelle qui devient vite frustrante, quant à la narration des états d'âme de Nora elle frise parfois le bavardage. La violence de la dernière partie est sidérante et je l'aurais personnellement vécue comme un viol, comme la froide décision de trahir, de détruire sans possibilité de retour. Et pourtant...
    "... assez en colère, putain, pour, avant de mourir, pouvoir vivre.
    Vous allez voir ce que vous allez voir."

    Titre original : The wooman upstairs 2013
    Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par France Camus-Pichon
    Editions Gallimard 2014 (373 pages-21,50 €)

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Josèphe