mercredi 8 juillet 2015

Amours de Léonor De Récondo

    De bonnes critiques et un accueil chaleureux du public m'avaient laissée espérer autre chose de ce roman qui m'a terriblement déçue. Aucune envie de m'investir dans cette histoire ancillaire début XXème siècle, aucune curiosité pour ce scénario qui, dès les premières pages, se révèle totalement prévisible. C'était sans compter avec le talent de l'auteure qui sait capter et retenir l'intérêt du lecteur.
    Avec un réalisme convaincant elle décrit la vie étriquée d'une petite ville provinciale, la maison bourgeoise du notaire où évoluent maîtres et serviteurs prisonniers de leur condition sociale. Elle avait surtout éveillé ma curiosité : j'avais très envie de savoir comment elle mettrait au goût du jour et de quelle façon elle terminerait ce que je considérais comme un vulgaire "remake" d'un roman d'une époque révolue !
 
    Anselme et Victoire de Boisvaillant occupent évidemment les parties nobles de la maison, Céleste, la jeune bonne, se contente d'une chambre rudimentaire au dernier étage, quant à Pierre et Huguette, le jardinier et la cuisinière, ils habitent une dépendance dans le parc.
    Quand le désir le taraude Anselme de Boisvaillant escalade l'escalier du dernier étage pour aller sans vergogne et sans un mot mais avec brutalité "besogner" Céleste qui, il en est certain, n'oserait jamais se rebeller. Son forfait accompli, il se rhabille au plus vite, regagne son étude et se met au travail. Pendant ce temps, Victoire dort en toute innocence dans ses draps de dentelle sans savoir qu'elle vient d'échapper à "l'instant de l'enchevêtrement immonde, comme elle l'appelle." Enchevêtrement d'autant plus inutile que son ventre semble atteint d'une inquiétante stérilité. Ce n'est pas le cas de Céleste qui ne tarde pas à se retrouver enceinte des oeuvres du maître de maison !
   Je vous laisse découvrir le cheminement et la réaction des personnages face à la situation. C'est de Victoire que viendra la solution :
    "Eh bien, Anselme, tu viens d'avoir la preuve que tu n'es pas si stérile! Evitons le scandale. Gardons cet enfant, il sera le nôtre. Ne chassons pas Céleste, laissons-la nous donner sa progéniture. Elle nous remerciera de donner un avenir à cet enfant, à notre enfant. Mais jusqu'à nouvel ordre ne t'approche pas de mon lit !"
    Le désir d'enfant n'est pas toujours suffisant quand l'instinct maternel est absent. Victoire en fait le difficile apprentissage. Et pourtant, c'est grâce au bébé qu'elle découvrira l'amour et la sensualité. Une révélation d'autant plus forte que l'aventure frappée d'interdit est carrément scandaleuse pour l'époque.
   L'écriture est rythmée, sensuelle quand elle évoque les corps celui de la femme en particulier qu'elle sait si bien magnifier. L'auteure évite avec raison de tomber dans un mélo qui ne fait qu'affleurer, plus accentué il aurait discrédité son propos.

    Sabine Wespieser Editeur 2015 (276 pages- 21€)

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Josèphe