lundi 17 mars 2014

Un homme, ça ne pleure pas de Faïza Guène

    Un livre réjouissant et tonique, drôle et tendre au rythme dynamisé par de courts chapitres. L'histoire de la famille Chennoun d'origine algérienne établie a Nice où les enfants sont nés.
    Une façon "légère" de parler de problèmes sérieux : comment concilier les valeurs familiales, culturelles et les incontournables règles sociales surtout quand le désir d'émancipation des enfants
 vient tout compliquer.
    Le padre qui ne sait ni lire ni écrire, veille sur l'éducation des enfants et se porte garant des valeurs qu'il leur inculque. A son fils, il ne perd pas une occasion de lui répéter qu'un homme ça ne pleure pas et lui demande de lui lire ce papier avec l'accent de journaliste.
    La mère aimante, envahissante, insupportable manie avec maestria la culpabilisation. C'est sa botte secrète qu'elle utilise à la moindre contrariété et comme elle se plaint tout le temps...elle l'utilise souvent.
    C'est Mourad, le plus jeune des trois enfants, qui raconte son obsession de ne pas devenir un vieux garçon obèse aux cheveux poivre et sel nourrit à l'huile de friture qui vit encore chez ses parents, son rêve de devenir prof. Rêve qui se concrétisera, il quittera Nice pour enseigner le français à Montreuil en zone prioritaire.
    Il retrouvera dans la région parisienne sa soeur aînée Dounia la révoltée, qui a fui la maison pour échapper aux parents qui voulaient la marier. Devenue avocate, elle a fait sa vie avec un politicien et préside une association féministe. Depuis dix ans, et à leur grand désespoir, ses parents n'entendent plus parler d'elle que par le truchement des médias.
    Mina la seconde restera à Nice, se mariera, aura trois enfants et habitera à deux pas de chez ses parents. Elle a construit sa vie à l'image de celle de sa mère son modèle et son repère.

    "les joues de ma mère sont douces et encore rebondies. Ses rides, ce sont les lignes du livre qu'elle n'a jamais pu écrire. C'est l'histoire de sa vie qui se dessine dans le coin de ses yeux. Les plis sur son front, ce sont autant d'inquiétudes, d'attentes à la tombée de la nuit et de soucis de santé.
    Une mère, c'est comme un grand destin, c'est beau et c'est cruel."


    Quand le padre fera un AVC, Dounia reviendra à sa demande le voir une dernière fois et quand il décédera d'un infarctus, la famille se recomposera pour l'accompagner.

    "Si je devais dire une dernière chose à son sujet, je le ferais avec un accent de journaliste : le padre était peut-être illéttré, mais il savait me lire mieux que personne."

    Un livre plein d'humour pour se défaire d'un héritage pesant et aller vers la liberté et l'émancipation où, parce qu'elle a mis beaucoup d'elle-même dans le personnage de Dounia, l'auteur a pris de la distance en donnant la parole à son frère.

    Editions Fayard 2014 (315 pages)
 
   Faïza Guène a 29 ans. Elle est née à Bobigny de parents venus d'Algérie, elle vit à Pantin.
  Ce livre est son 4ème roman.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

C'est sympa de laisser votre commentaire.

Josèphe