lundi 25 juillet 2011

Un été sans les hommes de Siri Hustvedt

"Être un poète célèbre n'est pas la même chose qu'être célèbre" John Ashbery

Libre à vous de ne pas partager mon avis, mais cette fois c'est d'une de mes déceptions que j'aimerais vous entretenir.

Combien aura-t-il fallu que je lise de ses livres pour réaliser que Siri Hustvedt m'ennuie ? C'est valable, en particulier, pour ses dernières parutions qui me semblent ne pas présenter grand intérêt. J'avoue ne pas en avoir terminé la lecture. Ce n'est pas le cas de "Un été sans les hommes", je l'ai lu jusqu'à la dernière page (sans cela je n'aurais pas l'outrecuidance de venir vous en parler), mais je dois le dire, il m'a prodigieusement agacée.

Ce que je lui reproche ? D'enfoncer des portes ouvertes, d'énoncer des vérités évidentes pour chacun, de "balayer" large, de vouloir nous convaincre de l'immensité de sa culture, ce dont on n'a jamais douté.

Pour dépeindre l'histoire de son couple à la dérive, (quoi de plus banal qu'une femme dans la cinquantaine quittée par un mari désireux de faire une pause avec une jeunette ?) est-il besoin de convoquer la cohorte de ses auteurs de chevet, d'évoquer tous les âges de la vie, de nous en détailler tous les problèmes : les bagarres d'un jeune ménage avec enfants, les états d'âme d'adolescentes en mal de poésie, les préoccupations de vieilles dames et de leur club de lecture ?

Tout ceci me semble prétexte à philosopher, à discourir à l'ombre de Shakespeare et de Freud, à décortiquer un roman de Jane Austen et à développer des théories littéraires et neuroscientifiques qui n'ont pas nécessairement leur place ici.

 Je ne résiste pas à l'envie de vous citer ce que j'intitulerais le lamento de Mia (Mia, poétesse de son état, est, vous l'aurez deviné, la femme délaissée) :

"Bonne vieille mama Mia, couchée dans ce grand lit de roi aux vastes espaces vierges, une étendue de draps blancs qu'elle emplit de discours intérieurs et de souvenirs, un tourbillon de mots, de pensées, de douleurs et de chagrins. Mia, mère de Daisy. Mia, mère d'abandon. Ci-devant épouse de Boris. Mais quel dur changement maintenant, toi parti. O Milton dans la tête. O Muse. O Mia, nigaude rhapsodique, bimbo chialeuse, ne languis plus ! Enroule tes ennuis, essuie tes meurtrissures, envoie balader tes chaussures et chante pour toi-même quelque chanson sotte, toi qui navigues sans roi sur cette goélette de lit, pas de reine de pacotille pour toi, Barde à la Face Rieuse, mais un roi." (page 167)

Est-ce de la poésie ? Ma foi, je suis totalement hermétique à cette poésie-là. Si vous ne partagez pas mon avis, c'est votre droit le plus strict et je le respecte, vous devez me juger bien sévère. Sachez, tout simplement, que ma sévérité est à la hauteur de ma déception.

Roman traduit de l'américain par Christine Le Boeuf

Editions Actes Sud 2011 (216 pages)

Siri Hustvedt est née dans le Minnesota le 19 février 1955 d'un père américain d'origine norvégienne et d'une mère norvégienne. Poétesse, essayiste et romancière elle est diplômée de littérature anglaise de l'iniversité de Columbia.
1992 Les yeux bandés
1996 L'envoûtement de Lily Dahl
2003 Tout ce que j'aimais
2006 Plaidoyer pour Eros
2007 Elégie pour un américain
2010 La femme qui tremble. Une histoire de mes nerfs.

http://fr.wikipedia.org/Siri_Hustvedt

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Josèphe