jeudi 5 mai 2016

Trois jours et une vie de Pierre Lemaitre

    Beauval petite ville entourée de forêts à l'ambiance provinciale où tout le monde se connaît, où les secrets ne sont jamais bien longtemps gardés ! Antoine y habite dans un quartier paisible et sans histoires. Fils de divorcés, il ne voit plus son père installé en Allemagne et vit seul avec sa mère, une femme qui a des principes et les applique sans faillir.
    En 1999, Antoine a 12 ans quand l'histoire commence et que la fabrique de jouets en bois, unique entreprise de la ville, se met à péricliter. Situation d'autant plus difficile pour son directeur qu'il est aussi maire de la commune et qu'il doit faire face à l'inquiétude des habitants soucieux de leur avenir. Encore épargnés par les préoccupations des adultes, Antoine et ses copains n'ont rien changé à leurs habitudes : qu'ils construisent des cabanes dans la forêt de Saint-Eustache ou qu'ils jouent autour de la scierie ils n'échappent que rarement au contrôle bienveillant d'un adulte passant par là.
     Ulysse, le chien de leurs voisins les Desmedt, avait pris l'habitude de suivre Antoine dans ses vagabondages solitaires et Antoine avait pris l'habitude de lui parler, de lui confier ses problèmes que l'animal semblait écouter avec attention. Parce qu'elle le trouvait digne de confiance, Mme Desmedt permettait parfois à Rémi, son fils âgé de 6 ans, de les accompagner.
    Quelques jours avant Noël, Antoine délaissé par ses copains trop occupés à jouer avec la PlayStation de Kévin objet de toutes les interdictions maternelles, décide par dépit de construire seul une cabane suspendue dans les arbres et d'en garder le secret. Mais il ne résistera pas longtemps à la tentation de la faire visiter à Rémi admiratif qui a promis de se taire.

    "Dans le triangle père absent, mère rigide, copains éloignés, le chien Ulysse occupait évidemment une place centrale.
     Sa mort et la manière dont elle survint furent pour Antoine un événement particulièrement violent."

    Elle est surtout à l'origine d'une série d'événements tragiques qui semblaient vouloir s'acharner sur la ville. Et c'est ainsi que les habitants, frappés de stupeur, ont appris la disparition du petit Rémi et qu'Antoine était le dernier à l'avoir vu vivant ! Antoine qui dans un moment d'égarement est propulsé au coeur d'un drame qui le dépasse et qui plonge la population dans la stupéfaction et la douleur.
    Un roman sur la culpabilité mené rondement d'une écriture qui sait évoquer l'ambiance délétère d'une petite ville rurale désarçonnée face à l'amplitude et la gravité des événements, face au questionnement et à la suspicion. Les personnages sont bien vus, certaines scènes sont savoureuses même si par son insistance l'auteur, parfois, semble dévaloriser la province profonde et la maréchaussée !
    Les péripéties s'accumulent, deviennent de plus en plus menaçantes pour Antoine, volonté un peu trop  appuyée de l'auteur de maintenir le lecteur en haleine et si rocambolesques qu'elles retirent toute crédibilité au récit. Elles nous acheminent vers un dénouement qui, je l'avoue, après m'avoir bien agacée, a fini par me faire sourire.






    Editions Albin Michel 2016 (280 pages- 19,80€)

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Josèphe