jeudi 13 août 2015

La lumière des étoiles mortes de John Banville


    Irlandais né en 1945, l'auteur décide à 17 ans de quitter son village natal et d'arrêter ses études. Il travaille dans une compagnie aérienne, voyage beaucoup puis décide de se consacrer à l'écriture. En 1970, il publie un premier recueil de nouvelles, de nombreux ouvrages suivront (Athéna, Impostures, Eclipse etc...). En 2005, "La mer" couronné par le Booker Prize le propulse au rangs des grands écrivains de langue anglaise. Il vit désormais à Dublin où il travaille sa prose huit heures par jour. Romancier et scénariste il écrit aussi des romans noirs sous le pseudonyme de Benjamin Black.

    Alexander Cleave, la soixantaine bien entamée, partage avec sa femme Lydia l'immense chagrin de la perte de leur fille qui s'était suicidée à 27 ans en Ligurie. Acteur de théâtre confirmé il a fini par accepter d'interpréter au cinéma le rôle d'Axel Vander homme de lettres qui lui semble être "un oiseau extrêmement étrange". Face à la nouvelle orientation de sa carrière, il se remet en question, se souvient de son passé d'acteur et...d'adolescent, quand il avait 15 ans et que Billy Gray était son meilleur ami.
    "Billy Gray était mon meilleur ami et je suis tombé amoureux de sa mère. Amoureux est peut-être trop fort, mais je ne vois pas de terme plus faible qui convienne. Tout ça s"est passé il y a un demi-siècle. J'avais quinze ans et Mme Gray trente-cinq. Ce sont des choses qui se racontent volontiers, puisque les mots n'ont aucun complexe et ne sont jamais surpris..."
    "La lumière des étoiles mortes" est un récit à la première personne. Alexander nous conte l'histoire de sa liaison qui a vécu l'espace d'un été dans l'enchantement de la découverte, la crainte d'être surpris et le sentiment exacerbé de vivre des moments d'autant plus fous qu'ils sont totalement interdits.
    Ces épisodes primesautiers sont régulièrement interrompus par des retours à la réalité quand Alexander est rattrapé par la vie, ses aléas, ses problèmes et son chagrin. Et ce n'est pas l'équipe et le tournage du film qui lui apporteront l'apaisement qu'il attend.





    Ce récit est essentiellement une réflexion sur la mémoire, sa fiabilité et ce que nous en faisons. Notre passé : "quelque chose dont nous croyons nous rappeler mais que, en réalité nous fabriquons." L'auteur est d'autant plus crédible qu'il prend son temps, approfondit, analyse avec une telle minutie que certains pourraient la prétendre exagérée. Il cerne les personnages au plus près, détaille, précise ce qui donne à son écriture une densité qui ne tient qu'à lui. La poésie n'est pas exclue et l'humour toujours au rendez-vous : ces portraits sont d'une réalité percutante, incisifs et drôles.
     Une réflexion sur l'homme qui n'en finit pas de grandir !

   "...En quel royaume dois-je croire, lequel dois-je choisir ? Aucun, puisque tous mes morts sont tous vivants dans mon coeur, moi pour qui le passé est un présent lumineux et éternel ; vivants pour moi et néanmoins disparus, sinon dans le fragile au-delà de ces mots."

    Editions Robert Laffont 2014 Traduit de l'anglais (Irlande) Par Michèle Albaret-Maatsch
346 pages-21,50€ Prix Prince des Asturies 2014
Titre original Ancient light 2012.

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Josèphe