dimanche 4 novembre 2012

Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka

                       Bienvenues, mesdemoiselles japonaises !

    Bienvenues pour qui ? Pour les Japonais qui les attendent de l'autre côté de l'océan dans cette Amérique qui ne sera pas l'Eldorado qu'elles imaginent.
    Bienvenues pour elles qui partent, vendues par des parents qui n'ont pas eu le choix, pleines d'espoir pour une vie que les "maris" leur ont fait miroiter dans des lettres mensongères ?
    Bienvenues sur cette terre d'accueil qui fera d'elles des exilées sans aucun espoir de retour ?
    Bienvenues pour une première nuit qui, le plus souvent, ne sera que soumission. Soumission, maître-mot qui gère leur vie d'épouses transformées en main-d'oeuvre corvéable à merci. Travail harassant, exécuté sans une plainte, qui ne les dispensera pas d'élever des enfants sans grand espoir d'avenir.
    Pearl Harbor ! Et la guerre que l'on sait. Les Japonais sont devenus des traîtres. Peu à peu certains ont disparu, emmenés de force, sans ne plus jamais donner de nouvelles. Un jour les maisons se sont vidées et tous les Japonais sont partis.

    "Un an plus tard, toute trace de leur présence a disparu de notre ville ou presque. Des étoiles d'or scintillent à nos fenêtres. [...] Nous parlons rarement d'eux désormais, bien que nous arrivent de temps à autre des nouvelles depuis l'autre côté des montagnes. [...] Tout ce que nous savons c'est que les Japonais sont là-bas quelque part, dans tel ou tel lieu, et que nous ne les reverrons sans doute jamais plus en ce bas monde." (p.139)

    C'est un roman-choral, le chant de misère et de souffrance d'un peuple qui perd son identité. Volonté assumée de l'auteur de ne privilégier aucun personnage en particulier. Des noms, certes, que l'on peine à retenir parce qu'ils ne nous sont pas familiers. Mais qu'importe, l'auteur reste toujours dans l'anonymat, dans le collectif : ils, elles, certaines, certaines d'entre nous, le patron, leurs vergers, leurs champs ... La litanie des mots scande le récit comme la litanie des jours scande leur vie sans changement, sans projet, sans rêve et sans avenir.

    Editions Phébus 2012 (142 pages)

    Julie Otsuka est née en 1962 en Californie. Diplômée en art, elle abandonne une carrière de peintre pour se consacrer pleinement à l'écriture. En 2002, elle publie son premier roman Quand l'empereur était un dieu (Phébus 2004- 10/18, 2008) qui remporte immédiatement un grand succès. Son deuxième roman, Certaines n'avaient jamais vu la mer, à reçu le PEN/Faulkner Award for fiction.

    www.lexpress.fr/.../certaines-n-avaient-jamais-vu-la-mer-par-julie-otsuka

3 commentaires:

  1. Bonsoir
    vous serez peut-être intéressée par le salon des écrivains que nous organiserons le 10 février 2013 à St Germain sous Doue.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pourquoi pas!
      Ce serait sympa de m'envoyer un petit rappel en temps voulu.
      Cordialement,
      Josèphe M.

      Supprimer
  2. Je viens tout juste de terminer ce livre.....merci beaucoup !!

    Émilie

    RépondreSupprimer

C'est sympa de laisser votre commentaire.

Josèphe