Dans ce dernier livre publié moins d'un mois avant sa mort, Jim Harrison a choisi de poursuivre ses mémoires sous la forme d'un texte à la troisième personne pour "échapper à l'illusion de réalité propre à l'autobiographie".
Souvenirs d'enfance, découverte de la poésie, mariage, amour de la nature, célébration des plaisirs de la chair et de la table, alcools et paradis artificiels, Jim Harrison tisse le roman d'une vie.
Véritable testament littéraire, Le vieux saltimbanque est à l'image de Big Jim : plus libre et provocateur que jamais, plus touchant aussi, en marge de toutes les conventions.
Il n'est pas dans mes habitudes de recopier la 4ème de couverture, mais là, franchement, je ne vois pas ce que j'aurais pu ajouter à ces quelques lignes où tout est dit !
Le lecteur peu familier de l'homme que Big Jim était risque d'être dubitatif en refermant le livre. Aborder son oeuvre par cette ultime publication n'est probablement pas la meilleure façon de procéder pour en apprécier tout le sel et son immense portée littéraire. Mais elle l'aidera sans doute à mieux cerner et comprendre le personnage qui a consommé la vie sans mesure, sans restriction, sans penser aux conséquences : lasser la patience de sa femme par ses frasques amoureuses et ses démêlés avec la police pour conduite en état d'ivresse et retraits de permis qu'il ne respectait pas toujours. Imprévisible et pourtant... fort sympathique !
"... Il écrivit ses livres les plus forts dans une période où il cédait à toutes ses envies culinaires. Comment bien écrire quand on pense tout le temps à la bouffe ? On ne peut pas essayer d'écrire sur la sexualité, le destin, la mort, le temps et le cosmos quand on rêve en permanence d'un énorme plat de spaghettis aux boulettes de viande..."
Un texte drôle, truculent, exubérant qui raconte au gré de ses souvenirs, sans se soucier de la chronologie, avec un humour parfois teinté de mélancolie, les expériences qui l'ont marqué : son amour de la nature, ses lectures, ses écrits, ses rencontres, ses frasques et ses petits bonheurs.
J'ai apprécié ce denier face-à-face avec l'auteur qui évoque, comme toujours, un formidable appétit de vivre qui ne lui interdit pas pourtant de garder en mémoire l'inéluctable réalité de la mort : "Nous vivons tous dans le couloir de la mort, occupant les cellules de notre propre conception." Un dernier hommage à l'auteur de "Retour en terre" qui m'avait tant émue où il osait, pour la première fois, évoquer son enfance de métis indien.
Titre original : The Ancient Minstrel 2016
Traduit de l'anglais (USA) par Brice Matthieussent
Flammarion 2016 ( 148 pages- 15€)
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Josèphe