Une couverture comme on en voit peu, un auteur que j'apprécie particulièrement, un sujet traité qui me laisse espérer une possible solution à mes propres insomnies, j'ai de suite été conquise. Ce livre est tout simplement un "bel objet" à la couverture esthétique, aux pages en papier glacé accompagnées d'illustrations rares qui ajoutent au mystère du texte.
"Voilà dix-sept nuits que je ne dors plus." Confidence de cette jeune femme, mère au foyer, épouse fidèle qui semble ne plus avoir besoin de dormir sans pour autant en souffrir. Son mari et son fils ne s'en rendent pas compte et pour éviter d'être hospitalisée, elle se garde bien de leur en parler. Condamnée à les regarder dormir, elle occupe ses nuits en lisant Anna Karénine et peu à peu bascule dans le contentement de ses moments de tranquillité. Une entière liberté que rien ne vient perturber et qui la change de ses obligations quotidiennes.
Du temps pour les souvenirs, pour les interrogations sur les moments "volés" à son mari et son fils, pour cette entorse faite à une vie bien rangée et pour la culpabilité qu'elle éprouve quand elle oppose sa vie nocturne à sa vie familiale et les changements qui en découlent.
" Depuis que je ne dors plus, mes souvenirs s'éloignent de moi à une vitesse croissante. C'est très étrange. Chaque nouvelle nuit qui passe, il me semble que le moi du temps où je dormais n'était pas mon véritable moi, que mes souvenirs de cette époque ne sont pas de vrais souvenirs. Les gens peuvent donc changer à ce point, me disais-je, sans que leur entourage se rendent compte de rien. Je suis la seule à savoir que j'ai changé. Même si j'expliquais aux autres ce qui m'arrive, ils ne comprendraient pas. Ils ne me croiraient pas. Et s'ils me croyaient, de toute façon, ils ne pourraient pas comprendre exactement ce que je ressens..."
Murakami tel qu'en lui-même ! D'un simple fait divers, il pose les questions existentielles, distille au fil des pages angoisse et luminosité de son écriture limpide en créant comme dans chacune de ses oeuvres un nouvel univers qui lui est propre.
Editions Belfond 1990 traduit du japonais par Corinne Atlan (Titre original Nemuri)
Réédité chez 10/08 (Belfond) 2011. Illustrations Silver and Night de Kat Menschik (94 pages-8,20€)
J'ai fait très récemment connaissance avec Murakami via son Autoportrait de l'auteur en coureur de fond avec lequel je me suis régalée. Je n'avais encore jamais entendu parler de Sommeil, merci, il va directement prendre sa place dans mon petit carnet pense-bête !
RépondreSupprimerKafha sur le rivage, la trilogie 1Q84 entre autres,ne sont pas négligeables non plus.
RépondreSupprimer