mercredi 3 septembre 2014

La fille de mon meilleur ami d'Yves Ravey



    "Avant de mourir à l'hôpital de Montauban, Louis m'avait révélé l'existence de sa fille Mathilde dont il avait perdu la trace. Il savait seulement qu'elle avait passé des années en asile psychiatrique et qu'on lui avait retiré la garde de son enfant.
    Il m'a alors demandé de la retrouver. Et j'ai promis. Sans illusion. Mais j'ai promis. Et c'est bien avec elle que tout a commencé."

   Non, "Les Tontons flingueurs" ne sont pas de retour ! Yves Ravey n'est pas Michel Audiard : ici pas de joyeuseté, pas de parodie, mais une histoire sérieuse qui se dévide et se complique au fil des pages.
    William Bonnet et Louis s'étaient connus en Afrique et ne s'étaient jamais perdus de vue. William, directeur financier des Cycles Vernerey à Montceau-les-Mines, en délicatesse avec son patron, est prié par celui-ci de rester à l'écart de l'entreprise. Entièrement disponible, il part à la recherche de Mathilde, finit par la retrouver pour constater qu'elle est toujours aussi imprévisible. Elle réussit à le convaincre que pour aller mieux elle doit absolument voir son fils malgré l'interdiction du juge.
    Roméo vit à Savigny-sur-Orge chez son père remarié avec Sheila qui élève l'enfant. Anthony, l'ex de Mathilde, travaille à l'usine Rhône-Poulenc où il est trésorier syndical de la caisse de solidarité des ouvriers en grève. William a promis, Mathilde verra l'enfant, sans lui parler, et ils repartiront aussitôt après. Et c'est ainsi que William et Mathilde se retrouvent au motel de Savigny.
    Situation simple me direz-vous, oui mais voilà, avec Yves Ravey les situations ne restent jamais simples et les complications resserrent l'intrigue, les détails insignifiants (?) pleuvent, alertent le lecteur aux aguets qui finit par réaliser que l'engrenage se grippe, les faits dérapent sous la pression d'un contexte social qui risque de changer la donne.
    Et puis, William Bonnet est-il vraiment ce qu'il prétend être, est-il capable de gérer Mathilde qui n'est pas au mieux de sa forme et devient vite incontrôlable ?
    On a des doutes, on croit savoir, mais non, l'auteur nous distille une autre intrigue adaptée aux circonstances et construit peu à peu une oeuvre littéraire qui a tout du polar sans en en avoir le nom.
   
      Les Editions de Minuit 2014, 156 pages, 14€

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Josèphe