vendredi 11 novembre 2011

Désolations de David Vann

Tragédie glaçante en Alaska, hostile et dur à l'homme en quête de réussite.

En 2010, David Vann marque la rentrée littéraire en obtenant le prix Médicis étranger pour Sukkwan Island. Une consécration méritée pour son premier roman traduit en français : écriture aboutie, intrigue bien menée, atmosphère angoissante qui tient le lecteur en haleine de la première à la dernière page.

Un an après, le voici de retour avec un nouveau roman : Désolations. Même décor, l'Alaska, seule l'île a changé. Tout se joue ici sur Caribou Island au milieu de ce lac véritable mer intérieure soumise aux eaux démontées, aux vents violents des tempêtes qui rendent la navigation impossible.

Cette fois, pas de huis clos entre un père et son fils adolescent. L'auteur mêle l'histoire de quatre couples et nous conte, en particulier, le face à face de Gary et d'Irène, véritable confrontation après trente années de vie commune et de questions non résolues.

Gary, malgré les réticences d'Irène, a décidé de construire une cabane en rondins sur cette île afin qu'ils y passent l'hiver : rêve d'un éternel insatisfait, toujours en quête d'expériences plus ou mons bien préparées et pas forcément réalisables. Irène le suit, sans enthousiasme, espérant sauver leur couple à la dérive. Sous le regard inquiet et critique de Mark et Rhoda, les enfants qu'ils ont élevés au bord du lac, l'arrivée précoce de l'hiver et les migraines douloureuses d'Irène vont pertuber et compliquer leur projet.

D'une écriture souple et précise, l'auteur nous promène de descriptions d'une nature impitoyable quand elle se déchaîne, belle et poétique quand elle se calme, aux évocations bouleversantes des doutes et des ressentis des personnages. Dans ce deuxième roman, pas de drame à la page 113, pas de déflagration, mais une insidieuse montée dans l'absurde d'un non-retour et le constat que la vie de couple est bien souvent enfermement et solitude.

Par un long crescendo délirant et insoutenable, le roman s'achève en apothéose, scène finale digne d'un opéra vériste où la nature reprend ses droits et refuse à l'homme la consolation et la rédemption qu'il attendait d'elle.

Editions Gallmeister 2011 (304 pages)
Caribou Island, traduit de l'américain par Laura Derajinski

David Vann : est né en 1966 sur l'île Adak en Alaska
             il vit en Californie où il enseigne à l'université de San Francisco.
             Sukkwan Island est son premier roman traduit en français.

www.gallmeister.fr/livre?livre id=517

www.lexpress.fr/culture/.../desolations-de-david-vann 1017282.htlm

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Josèphe