Un titre qui m'a intriguée, un écrivain dont je n'avais rien lu, une once de curiosité et quelques pages plus tard je suis totalement piégée par le rythme haletant et puissant de ce roman.
Roman a précisé l'éditeur, l'auteur en a fait un journal où les mots du "parler", les nombreuses connotations autobiographiques instaurent un climat de connivence avec le lecteur qui devient rapidement témoin et confident !
René Frégni est particulièrement convaincant parce qu'il parle vrai : il sait l'enfance dans un quartier populaire de Marseille, l'arrêt de sa scolarité en 3ème, le travail, l'ennui, le désir d'aller voir ailleurs, la prison militaire de Metz dont il s'évade, 10 ans comme infirmier dans un hôpital psychiatrique de Marseille où il tient un journal de bord, sa première approche de l'écriture.
La chance aussi d'avoir croisé la route d'un prof de philo, compagnon de cellule, qui lui donne le goût de la lecture et l'envie de créer un atelier d'écriture à la prison des Baumettes qui sera, peut-être, à l'origine de son désir de devenir écrivain.
Il quitte Marseille, se retire dans le cabanon d'Isabelle sa compagne où il partage son temps entre les promenades dans les collines de l'arrière-pays provençal et l'écriture. Mais il sera rattrapé par son passé : Kader un ancien détenu des Baumettes qu'il avait connu dans un de ses ateliers d'écriture le contacte pour solliciter son aide...
Son récit en est la preuve, René Frégni ne croit pas à l'efficacité de l'enfermement, mais il croit à la guérison par les livres, à la magie des mots porteurs d'idées, de rêves, d'ouverture sur un monde inaccessible, aux rencontres qui changent le cours d'une vie.
Un récit où les vivants et les morts se côtoient, où le fracas des balles trouble le silence de la nature sans la priver de sa beauté et de sa poésie, une intrigue qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière ligne. Il serait dommage de ne pas s'y arrêter.
Editions Gallimard 2017 (188 pages - 18€)